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Ruche de biodiversité - Pour que l'abeille retrouve sa nature sauvage







Rendre à l'abeille sa part de sauvage


Extrait du livre "Ruches de biodiversité - Pour que l'abeille retrouve sa nature sauvage" de Bernard Bertrand, éditions de Terran

Quand on voit claire dans ce domaine (l'apiculture), on peut dire : dans tout ce complexe de la ruche, dans la nature même de cet organisme, la nature a déposé une merveilleuse sagesse. Les abeilles sont sous le signe de forces naturelles d'une extraordinaire importance et vraiment admirables. C'est pourquoi on éprouvent certaine appréhension à intervenir avec ses grosses mains dans le jeu des forces naturelles - Rudolf Steiner

Mais qu'est ce qu'une ruche de biodiversité ?


Constat

Il est simple : les abeilles sont au bout du rouleau !

Il semble bien que nous soyons allé trop loin dans la rationalisation et l'exploitation de la ruche, au point d'avoir ce sentiment troublant que l'abeille baisse les ailes . . .


( . . . )


De ce constat est née l'idée d'une apiculture qui, en parallèle de l'apiculture des production, prendrait le visage de colonies d'abeilles "sauvages", saines et résistantes, capables de continuer un réservoir génétique, sorte de "trésor biologique", répondant au nom de "ruche de biodiversité".


Ces ruches, habitantes et habitants, répondent à trois critères essentiels :

  • Reproduire des conditions de vie proches de celles des abeilles dites "sauvages"

  • Faire confiance aux capacités d'adaptation de l'abeille face aux changements environnementaux et respecter ses conditions de vie naturelles

  • S'interdire toute intervention qui ne respecterait pas ces conditions de vie.

Objectifs

  • Garantir l'intégralité des colonies et leurs conditions de vie non domestiques

  • Assurer la sauvegarde du potentiel génétique des abeilles indigènes

  • Permettre le renouvellement de ces colonies par le seul essaimage naturel

  • Et, bien évidemment, assurer la politisation des écosystèmes, l'une des fonctions premières de la ruche qui ne doit pas être oubliée.

Il n'y a pas d'opposition entre ruches de biodiversité et ruches de production. Les deux modèles doivent cohabiter et les liens entre eux se doivent d'être étroits.

Ces situations n'étant plus aujourd'hui suffisantes en nombre. Les ravages faits aux paysages en limitent considérablement la présence, alors qu'il y a urgence à répondre aux besoins de tranquillité et de naturalisé exprimés par les abeilles. Après plusieurs millénaires de collaboration (et d'exploitation) de la ruche, cette demande est légitime.

Ruche en vannerie - Source : Lien créatif

Ruches sauvages et variabilité génétique

L'abeille, telle que nous la connaissons, vit sur Terre depuis au moins 30 millions d'années. Elle doit sa présence à nos côtés à une capacité d'adaptation peu banale, due à une variabilité génétique élevée.

Dans la nature une femelle est fécondée par 8 à 18 mâles d'origines différentes. L'éventail génétique que porte en elle la reine naturelle de la ruche est donc énorme, et il est le garant de cette extraordinaire capacité d'adaptation dont est doté l'insecte . . .


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Pour sauvegarder cela, il faut, sur une partie non négligeable des populations d'abeilles, renoncer à nos manipulations génétiques et à notre comportement beaucoup trop intrusif en la matière : laisser essaimer normalement, pour un renouvellement naturel des reines, oublier insémination artificielle et greffage de reine. L'affaiblissement du potentiel génétique des populations d'abeilles est sans doute l'un des problèmes majeurs celles-ci rencontrent aujourd'hui, il sera demain au coeur des problématiques auxquelles nous devrons faire face.


La ruche, plus qu'une simple boîte !

Avant toute chose, tentons de redéfinir la ruche elle-même. Par ruche, on désigne aujourd'hui une caisse rectangulaire conçue pour recevoir une colonie d'abeilles.

Une ruche vivante, c'est d'abord une grappe d'abeilles ; en son sein se trouvent la reine et le couvain. Autour, s'activent les ouvrières dont le rôle sera d'abord d'être (dans leur jeune âge), des nourrices, puis de devenir butineuses. Les premières s'occupent de l'intendance intérieure, avec des spécialisations : gardienne, cirière (ou maçonne), manutentionnaire, ventileuse, .... Les secondes vont collecter propolis, nectar et pollen qui assurent les besoins primordiaux de la colonie, on distingue éclaireuse et butineuse. La propolis est une barrière sanitaire, mais aussi la trousse à pharmacie de la ruche. Le nectar sert à fabriquer le miel (concentration provoquée par l'évaporation de l'excès d'humidité), avec lequel se nourrissent les abeilles. Le pollen est transformé en gelée royale, qui sert à nourrir les nymphes d'ouvrières (pendant les 3 premiers jours) et les jeunes reines (pendant 5 jours). Propolis, pollen, nectar et gelée royale sont des éléments importants, de leurs qualités dépend l'équilibre alimentaire des ouvrières et leur capacité d'autodéfense contre les maladies.


Les ouvrières peuvent opportunément changer de statut si une situation imprévue l'impose. Ainsi, des butineuses peuvent redevenir nourrices si le couvain est important, et vice versa, des nourrices peuvent être plus rapidement butineuses si l'approvisionnement en nectar et pollen est insuffisant.


Les maçonnes construisent les rayons, grâce aux glandes cirières, qui produisent la cire, laquelle est ensuite malaxée avec de la salive pour former les alvéoles.


Une abeille, trois peaux !

Conscient de l'importance de cette entité à part entière que constituent la colonie d'abeilles et son habitat, Marc Bonfils écrit :

"Nous pouvons considérer que l'abeille possède trois peaux :

  • Son enveloppe externe. Tégument en chitine

  • L'enveloppe de la grappe couveuse. Faites du corps des abeilles, elle constitue un véritable épiderme. Par le mouvement hélicoïdal de leurs ailes, elles se mettent en bruissement afin d'empêcher toute agression de pénétrer l'intérieur de la grappe

  • Les parois de la ruche sont leur troisième enveloppe. Les abeilles sont des insectes sociaux thermophiles dont la principale motivation de groupement est la production chaleur

La ruche ovoïde

La ruche ovoïde convient tout à fait à l'organisation spatiale de la ruche. Qu'il advienne une période grands froids prolongés (avoisinant -20°C et en deçà) et la grappe se réduira encore plus, pour mieux se protéger, mais elle restera en contact avec la réserve de nourriture. Si ce schéma est respecté, le froid sera rarement problématique pour les abeilles, y compris si la colonie est faible. Cette bonne régulation atmosphérique de l'intérieur de la ruche par la colonie sera d'autant plus aisée que l'habitat sera bien isolé du froid et protégé de l'humidité (bonne ventilation)


Source : Encyclopédie de A à Z - Apiculture écologique
Différentes ruches - Inspirantes pour la créativité de ruche de biodiversité

La ruche tronc à rayons fixes comprennent :

  • Boudin de paille, 300 mm d'épaisseur

  • Enduit, 6/8 mm d'épaisseur

  • Enveloppe de propolis

  • Fond grillagé

Ainsi le couvain et la grappe peuvent se déplacer en fonction des conditions climatiques, de façon très précises.


Laissez vivre les ruches sauvages . . .

La première des ruches de biodiversité, la meilleure de toutes, est celle vraiment sauvage où s'est installée seule une colonie, dans un lieu qui lui convient.

Cela peut se produire un pleine nature, mais aussi dans le mur d'une maison, une vieille grange, un vieux pommier au fond du jardin, . . . Tant qu'elles ne dérangent pas, et si ces "ruches" correspondent aux besoins d'une colonie d'abeilles à miel, laissons les prospérer sans les déranger.


L'abri des abeilles sauvages respecte les cinq critères essentiels suivants :

  • Représenter une forme et un volume adaptés à ceux de la grappe

  • Être le "tampon thermique" le plus efficace possible

  • Disposer d'un toit parfaitement étanche aux infiltrations d'eau

  • Être bien aéré et ventilé

  • Posséder un petit trou d'accès qui interdise l'entrée à tout prédateur, humain compris

Les situations remplissant l'ensemble de ces conditions sont devenues rares dans la nature. L'idée des ruches de biodiversité est d'en multiplier l'offre.


La présence de vieilles cires et les parfums de propolis suffisent à attirer les abeilles qui reviennent y habiter. Ces ruches, redevenues sauvages, sont capables de résister à bien des vicissitudes temporelles et contemporaines. On le voit, du tronc creux à la plus belle des vanneries ou à la poterie sculptée, les possibilités de mettre en place des ruches de biodiversité originales ne manquent pas.


Résumons les principales caractéristiques de la ruche de biodiversité

  • Sa forme intérieure est ronde, ou mieux encore ovoïde

  • Ses parois sont épaisses (3 à 5 cm), pour garantir une bonne isolation naturelle à l'essaim

  • Les matériaux utilisés pour sa construction sont isolants et poreux (respirants)

  • Son volume est plutôt petit, proche de 30L

  • Elle est à rayons fixes

On ne peut pas faire de classification stricte des ruches. On peut tout de même préciser que les ruches horizontales sont culturellement associées à l'Afrique ou au pourtour méditerranéen. Celles verticales sont les plus représentatives de la ruche européenne. Celle qui sont incluses dans le bâti sont présentes un peu partout.

Source : Un toit pour les abeilles
Ruche en rucher de bois - Vosges

Ruche en vannerie

Le modèle le plus connu de vannerie spiralée cousue adaptée à l'apiculture est celui de la ruche en paille de seigle cousue avec des liens de ronce. L'association seigle/ronce est reconnue comme étant l'une des meilleures, le lien de ronce éloignant les rongeurs !


L'enduit d'habillage, le pourget est un enduit protecteur des ruches en vannerie. C'est un mélange de bouse de vache (6 parts), d'argile (2 parts) et de cendre de bois tamisée (1 part). Ces proportions ne sont qu'indicatives car il est rare qu'elles soient respectées.

Curieusement, on ne connaît pas vraiment l'intérêt de ces ingrédients. L'argile rend le pourget plus dur, mais aussi plus lourd. On sait que la bouse de vache, riche en fibres végétales, est un bon isolant. Il se peut qu'elle éloigne certains parasites.


Source : Rucher école
Ruche en vannerie spiralée et pourget
Et bien sûr, pas d'abeilles sans fleurs ! Pensez à faire fleurir votre paysage

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