abeille pèse autour de 100 mg, et consomme environ 40 mg de miel / jour pour ses besoins d'entretien, ainsi que 140 mg pour ses besoins de butinage.
Quelque soit son stade de développement physiologique, il est évident que c'est un insecte très actif à l'emploi du temps chargé. Cela représente de gros besoins alimentaires en énergies, en protéines, qui accroissent à mesure que l'on stimule sa capacité de production.
BESOINS EN EAU
L'eau est indispensable au couvain, l'hydratation des larves, et à la régulation thermique de la ruche. La privation d'eau conduit à un arrêt de ponte en 2 jours alors que la privation de protéines n'entraîne le même phénomène qu'au bout d'environ 15 jours.
Les points d'eau sont donc essentiels pour accueillir les abeilles sur des sources sécurisées : eau propre, hors prédation majeure, avec des flotteurs ou cailloux pour éviter la noyade. Ces points d'eau peuvent servir à administrer des tisanes, des oligo-éléments, de l'homéopathie en cas de besoins.
Ancestralement, une poignée de jeunes ou de têtes d'orties et un peu de kéfir ou de kombucha, dans l'eau, font des merveilles : apport riche en oligo-éléments, renforce la flore intestinale.
BESOIN EN SUCRE
Les besoins énergétiques pour bâtir la cire ou assurer les réserves hivernales représentent une dépense mineure face à ceux nécessaires au besoin de l'homéothermie du couvain. Une température comprise entre 35 et 36° C est essentiel au bon développement des larves et à la capacité cognitive des futures abeilles.
Cette activité principale du bilan énergétique est resté longtemps ignoré car difficile à évaluer sans les caméras thermiques et des bilans métaboliques.
Parmi les mesures simples qui peuvent aider à limiter les déperditions de chaleur ou les coups de chaud énergivores, une bonne isolation du toit est indiscutable.
BESOIN EN POLLEN
Le pollen représente l'unique source de protéines pour l'abeille, et est particulièrement important en période d'élevage.
Le pollen leur apporte des fibres, garantissent un bon développement du microbiote intestinale et également des lipides, malheureusement souvent pollué par les particules atmosphériques. Le grain de pollen est entouré d'une couche lipidique qui fixe les polluants atmosphériques tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qui sont des particules fines émises par les moteurs thermiques.
Le pollen, comme tous les autres organes des plantes produites avec des graines enrobées ou exposées à des pulvérisations de pesticides, contient des molécules toxiques seules ou en cocktail. Ces biocides sont conservés dans le pain d'abeilles et expliquent en partie les mortalités en sortie d'hiver au moment de la reprise d'élevage et de l'usage du pain d'abeilles.
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Une ruche consomme en moyenne environ 45 kg de pollen / an, quantité qui devient de plus en plus difficile à se procurer, surtout en été.
Les compléments au sucre ne suffisent donc absolument pas, ils permettent tout juste de maintenir une activité, en les carençant car cette alimentation est incomplète, et surtout ne permet pas la reprise de la ponte.
BESOIN EN OLIGO-ÉLÉMENTS
Ces éléments sont fondamentaux pour la santé et la longévité de l'abeille, de la colonie.
ZINC (graminées) - CUIVRE - MANGANÈSE - SÉLÉNIUM (crucifères) sont indispensable pour gérer la consommation de l'oxygène, qui s'avère particulièrement élevée dans le fonctionnement des cellules de défense et dans la gestion du travail musculaire des butineuses.
VITAMINE A - VITAMINE E & POLYPHÉNOLS indispensable dans la gestion du stress oxydant abordé juste au-dessus.
Ces éléments dits "traces" sont les garants d'une bonne immunité, et de fait augmentent la durée de vie de l'abeille. Ils sont apportés par les pollens et impliquent une solide biodiversité afin de garantir leur présence simultanée.
LIMITES AU NOURRISSEMENT DE STOCKAGE AU SUCRE
Ce que l'on nomme ici sucre est en fait un saccharose issu de la canne à sucre ou de la betterave sucrière.
Il est constitué par la réunion de 2 sucres simples :
le Glucose
le Fructose qui est peu assimilable par les abeilles du fait de sa faible capacité à sécréter l'invertase qui permet de scinder le saccharose en 2 molécules digestes. Cette inversion peut se faire soit par abaissement du pH de la solution par chauffage.
Une solution sucrée peut être améliorée soit par :
Addition de vinaigre de cidre jusqu'à obtention d'un pH final compris entre 4 et 4,5
Chauffage à 60° C pendant une heure suivi d'un refroidissement lent.
Dans les 2 cas, l'inversion totale est obtenue au bout de 24h. Un sirop de stockage à 70% sucre et 30% eau peut se conserver plusieurs mois.
L'apport massif d'un sirop contenant du saccharose non inverti peut provoquer une déviance de la flore intestinale entraînant des risques accrus de Nosémoses sans parler de son extrême pauvreté en oligo-éléments, indispensable à la santé de l'abeille et donc de la colonie.
ATTENTION : l'usage de sucre brut peut entraîner un risque d'intoxication des abeilles du fait de leur forte charge en minéraux, en particulier en potasse.
Mot de Gilles Grosmond - Vétérinaire - Apiculteur :
"Je crains l'influence épigénétique d'un nourrissement excessif de saccharose avec surexpression des gênes de l'invertase et, inversement, sous expression des gênes de détoxification. Il s'agit d'une pure hypothèse qui peut nous aider à mieux comprendre les recommandations de certains cahiers des charges tels que Nature & Progrès ainsi que Demeter qui excluent le nourrissement au sucre."
L'humanité dépend de la biodiversité qui est assurée par les pollinisateurs. Au même titre que nous prenons soin de notre corps et santé par l'alimentation faisons de même pour les Vivants desquels nous dépendons.
D'autres articles sont déjà présents sur le blog pour enrichir les données partagées ici, et d'autres viendront prochainement. Si vous avez des retours ou recettes, n'hésitez pas à laisser un commentaire et ouvrir la discussion, l'échange bienveillant est le début de l'apprentissage.
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